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je suis un falotier
Sarah Gigot travaille comme éducatrice au C.O. Saint-Lambert à Bonneville. Elle est jeune et a beaucoup d’énergie, de créativité et de vitalité. « Travailler avec des autonomes, ça va encore ! » me dit mon entourage souvent, quand j’évoque mon travail d’éducatrice. Alors j’expose le CV idéal d’un éducateur : avoir des jambes d’athlète, une vue à 360 °, une mémoire d’éléphant, l’oreille absolue, une main de fer dans un gant de velours… Devant cette énumération, leurs commentaires changent « Ah oui quand même . » Approches a cherché et trouvé une éducatrice pur sang !
Nous rencontrons Sarah Gigot au cœur d’Andenne où elle travaille avec les usagers qui vivent dans les résidences d’accueil supervisées (RAS). Ils sont au nombre de 21, répartis dans une maison et 5 appartements situés au centre-ville. Sarah fait partie d’une équipe composée de 6 éducateurs. « Un des objectifs du projet RAS est de donner à nos usagers l’accès à « un chez soi », permettant l’intimité et visant au final une meilleure qualité de vie », explique-t-elle. « Cette mise en autonomie passe par une intégration communautaire, par l’acquisition de compétences utiles et enfin par l’acquisition d’un savoir être en tant que citoyen d’Andenne. »
Qui est Sarah Gigot?
- Elle travaille au Centre Saint-Lambert comme éducatrice depuis 2012.
- Elle a suivi deux formations, l’une pour être éducatrice spécialisée et l’autre, un master en ingénierie et actions sociales.
- Elle habite Namur.
- Sa passion est la danse de salon qu’elle pratique toutes les semaines.
Casquettes
Sarah porte deux casquettes. En effet, elle a 2 contrats mi-temps, un comme éducatrice et l’autre, comme coordinatrice de projet. « J’ai d’abord été engagée pour développer un logiciel de communication qui est « Vision sociale », un outil qui centralise les informations et permet la communication interservices. Ceci a pour objectif de développer et maintenir un niveau de qualité d’accompagnement pour les usagers. J’en assure les formations. Ensuite j’ai coordonné la création du site internet. »
« Il n’y a pas de journée type. Mon rôle varie en fonction des demandes et besoins des usagers. » Nous le remarquons bien. Sarah assume une partie de l’aide de base dans les actes de la vie journalière, comme l’hygiène corporelle ou alimentaire, mais elle aide aussi les résidents en passant par l’apprentissage de l’autonomie, avec la gestion des aliments dans le frigo, du budget,… pour arriver à la mise en œuvre du projet de vie de l’usager.
« Concrètement, un usager qui a une apparence soignée, qui a appris à se déplacer seul pour se rendre à son AVUS (Activité de Valorisation et d’Utilité Sociale), par exemple dans un garage, a réussi à atteindre son objectif. Notre travail consiste aussi au maintien des apprentissages et des acquis. »
Une mémoire d’éléphant
« Mon travail ne se concentre pas uniquement sur l’usager mais aussi sur le rapport qu’il entretient avec la société. Notre but est de créer du lien et de collaborer avec les différents services proposés dans la ville : police, commerçants, associations récréatives, … susceptibles de contribuer à la réussite de sa mise en autonomie. Les autres éducateurs et moi, nous sommes aussi un peu comme un trait d’union qui relie l’usager à ses différentes sphères (familiale, amicale, communautaire,…). »
« En effet, travailler avec une population autonome n’est pas simple. Pour ma part, c’est un travail constant à faire sur soi-même car nous, éducateurs, exerçons une fonction symbolique qui permet aux usagers de faire une distinction des rôles et places dans une société. Il nous faut donc être authentique et cohérent dans notre façon de faire et d’être et ce, tout au long de notre accompagnement. Difficile de demander à une personne d’être ponctuelle si nous n’arrivons pas à l’heure prévue... Cet exemple peut se généraliser à bien d’autres situations du quotidien. »
« Je vois mon rôle d’éducatrice comme un éventail d’autres fonctions. Entre autres, celui de falotier. Ce métier disparu permettait à une personne d’allumer et d’éteindre les réverbères de la ville. Aujourd’hui, j’essaye d’éclairer les usagers en traduisant la réalité de façon compréhensible afin qu’ils puissent y prendre leur place. Si je devais mettre en évidence un aspect de mon travail, je dirais que c’est de faire découvrir les richesses de chacun de mes usagers et de les aider à les investir. »
Idéaliste
Sarah a toujours une envie prenante de construire. Elle dit souvent « c’est quand il n’y a plus rien à faire que tout reste à faire ». Elle aime créer, partager des projets, le tout dans une dynamique positive tant avec les usagers que les collègues. « Je défends le mot OSER », explique-t-elle. « Osons, d’autant que nous avons tendance à les surprotéger. L’essentiel dans cette aventure humaine est de leur permettre de s’ouvrir au monde extérieur. Il y a deux ans, nous avons participé à l’émission « Tous Ensemble » produite par TF1. Cette année, un de mes objectifs est d’intégrer un usager dans un SEL (un Système d’Echange Local) afin qu’il tisse encore plus loin son réseau relationnel. On me dit créative mais c’est vrai que je me laisse parfois emporter ! J’aime prendre des initiatives dans mon travail et collaborer avec mes collègues. Cet équilibre, je le retrouve dans le projet de mise en autonomie. »
Cela fait maintenant trois ans que Sarah travaille au Centre Saint-Lambert et elle a remarqué qu’à travers toutes leurs demandes, ils ne souhaitent que l’essentiel. « Entrer en relation, partager les bonheurs de la vie : tasse de café, cinéma,... Touchée par leur façon de voir la vie et de l’apprécier, cela a reprécisé indirectement chez moi mes ‘essentiels’. On a tous à apprendre les uns des autres ! »